Xiaomanyc, le youtubeur qui dévorait toutes les langues du monde


Tenez-vous bien : il semble que le meilleur moyen de rentrer en contact avec quelqu’un soit encore de parler sa langue. Sous les apparences d’un truisme se dissimule tout un genre florissant de chaînes YouTube dites « polyglottes ». L’Américain Arieh Smith, créateur de Xiaomanyc, en est un éminent représentant, avec plus de 6 millions d’abonnés.

Dans des mises en scène réminiscentes de la télé-réalité de voyage – caméra embarquée grand angle, exploration express de marchés et autres boutiques communautaires, contact direct avec le quidam et dégustation de spécialités sur le pouce –, le débonnaire Mr Smith s’en va collectionner les réactions émerveillées de ses contemporains avec pour seules ressources un appétit à toute épreuve et une facilité d’apprentissage déconcertante des langues vivantes.

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Dans l’une de ses vidéos les plus populaires, il décortique les menus de restaurants chinois en client ordinaire avant de soudainement s’exprimer de manière parfaitement fluide en idiome local, provoquant l’étonnement autour de lui tel un Marcel Béliveau du polyglottisme. Non, ce n’est pas la caméra qui était cachée, mais la maîtrise de la langue. Immédiatement, les sourires et les questions fusent. « Mais où donc avez-vous appris à parler notre langue ? », « avez-vous vécu en Chine ? », « combien de temps ? »…

Du Kenya au Pays de Galles, du Japon au Pérou, de Brooklyn à Chinatown, par la grâce toute puissante du sponsoring, notre youtubeur parcourt ainsi le monde transformé en foire-exposition géante. L’homme ne dédaigne pas de partager l’affiche et se fait parfois accompagner de locuteurs plus compétents, comme au Japon, par exemple. Les plus curieux (et disponibles) pourront se pencher sur sa mégacompilation d’une durée de plus de trois heures qu’on peut parcourir comme un immense catalogue de formation linguistique. (Et pourquoi pas apprendre le masai ?)

Mais en vérité, la majorité des youtubeurs polyglottes ne le sont pas vraiment. La plupart maîtrisent une ou deux langues, une poignée tout au plus. Rien à voir avec les « hyperpolyglottes » sur lesquels le New Yorker avait enquêté en 2018. Des « athlètes » linguistiques fascinants, quasi monstrueux diront d’autres, capables de parler couramment plus d’une dizaine de langues. Et surtout d’en assimiler de nouvelles après seulement quelques jours d’immersion.

Epater la galerie

Dans un effort louable d’autorégulation, la communauté polyglotte de YouTube diffuse d’ailleurs régulièrement des vidéos dénonçant des supercompétences en trompe-l’œil mises en scène par des influenceurs trop pressés de vendre des abonnements à des cours de langue sans effort et incroyablement efficaces.

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